Grâce à son intelligence, à son esprit perspicace, à son dynamisme et son sens des affaires, Ndiouga était devenu l’un des hommes les plus riches du Sénégal. Toutefois, loin de thésauriser sa fortune, il tenait à la partager avec le plus grand nombre possible de ses compatriotes, en offrant un emploi permanent par la mise sur pied de sociétés de toutes sortes. Sans oublier que sur le plan religieux, il a participé, de façon remarquable, à la construction et à la réfection de beaucoup de mosquées dans le pays.
Cependant, ses œuvres de bienfaisance, aussi grandes soient-elles, restent insignifiantes si on les compare à la générosité dont il a fait preuve sa vie durant, vis-à-vis de la confrérie mouride de la ville de Touba et surtout de la famille de Serigne Touba.
Par ailleurs, si on parle aujourd’hui des Almadies, c’est grâce, en partie, à El Hadji Babacar Kébé. Car, l’on peut dire que Ndiouga avait une vision projective des choses en allant implanter l’hôtel des Almadies sur ces terres en déshérence, à côté des berges de l’océan Atlantique.
L’option de Ndiouga pour la construction de grands immeubles n’était donc qu’une expression de volonté réelle volonté d’être utile à son pays en comblant un vide là où d’autres volontés ou bienfaiteurs manquaient. Il n’était point insensible au sort du grand nombre de ses concitoyens à la recherche de logis décent, car il sera le premier à répondre à l’appel de l’Etat lorsque l’initiative privée devint incontournable et en conséquence encouragée. Ainsi, aux côtés de l’Etat, des banques sénégalaises et de grandes sociétés nationales, il participera à la création salutaire de la Banque de l’Habitat du Sénégal (BHS) qui, par son dynamisme et sa capacité de mobilisation de l’épargne, a largement favorisé la réalisation de nombreux programmes immobiliers initiés par des promoteurs privés et aidé de nombreux sénégalais à construire par eux-mêmes leurs propres maisons ou a améliorer celles dont ils étaient déjà les propriétaires. Sa générosité et son souci d’encourager les bonnes initiatives le conduira même à aider directement des coopératives d’habitat social. C’est ainsi qu’un jour il soutint gracieusement la construction de logements sociaux du groupement des Castors Municipaux.
L’action de Ndiouga dans l’immobilier au Sénégal est remarquablement illustrée par l’émergence de la nouvelle zone industrielle des Almadies qui aujourd’hui tend irréversiblement à détrôner la prestigieuse Fann Résidence héritage de la colonisation. Dans cette localité nouvelle située sur la partie la plus avancée du continent noir dans l’Océan Atlantique et qui n’était qu’une brousse rocailleuse clairsemée de champs d’arachides et de manioc avec quelques rares bâtisses en ruines, il construisit «les Almadies», un magnifique complexe hôtelier d’une architecture négro-africaine révolutionnaire qui inspira par la suite bien des promoteurs. Il initia la viabilisation du site par l’extension de son réseau hydraulique et électrique alors insignifiant et la construction d’une route de qualité. Là encore, l’exemple de Ndiouga fut vite suivi par des compatriotes fortunés et par des étrangers venant de tous horizons. Cette partie de l’Afrique si chère à tant d’Africains et que Ndiouga en pionnier honorera le premier, s’affirme de nos jours comme un futur Eldorado. Il avait l’ambition de faire de ce lieu si symbolique et déjà si agréable, beau et prisé, un nouveau centre ville.
Au moment de sa disparition, Ndiouga laissera derrière lui de nombreux projets immobiliers en tous genres qu’il voulait édifier sur les 470.430 m2 de terrains nus qu’il avait acquis comme toujours grâce à sa fortune car jamais aucun pouce de terrain ne lui avait été cédé à titre gracieux.
L’adepte de la splendeur de la capitale sénégalaise,
Le champion de l’immobilier
Vers la fin de la première décennie de l’indépendance du Sénégal, le marabout Ndiouga Kébé était devenu le premier milliardaire sénégalais et sa fortune s’accroissait de jour en jour. Après avoir réalisé ses premiers et chers vœux pour Touba et assuré le relèvement du niveau de vie de sa famille étendue, il se lança dans l’acquisition d’immeubles, domaine jusque là réservé aux seuls étrangers fortunés. Il devint très vite le plus grand propriétaire immobilier de son pays tant par le nombre de ses réalisations et acquisitions que pour leur qualité et leur valeur. Il accorda jusqu’à la fin de sa vie un grand intérêt pour la pierre autant en raison du nombre d’emplois et de transferts de ressources qu’elle engendre que de sa conviction que, pour continuer à être attrayante, la vieille capitale du Sénégal, porte de l’Afrique, devrait être conséquemment dotée d’infrastructures immobilières capables d’accueillir les plus éminentes institutions, les représentations diplomatiques les plus exigeantes et tous ceux que l’Afrique attire mais qui sont habitués à un niveau de confort plus élevé. Ainsi, pour mieux épauler l’Etat très soucieux des fortes demandes des populations urbaines en logements sociaux, il s’orienta vers l’autre volet de l’immobilier certainement non moins utile à un jeune pays en voie de développement. Il construisit de magnifiques villas dans les zones résidentielles les plus huppées et sur les principales artères de Dakar de magnifiques immeubles qui accueillent des commerces, des entreprises et des institutions prestigieuses et permettent à un grand nombre de sénégalais et d’étrangers de satisfaire leurs besoins en logements confortables. On exemple largement suivi par d’autres compatriotes fera de Dakar une belle ville moderne. Ndiouga est donc le précurseur de l’initiative privée pour la réalisation des grands édifices qu’imposent les temps modernes et dont la prise en charge par un jeune état peu nanti et aux nombreux besoins aurait sans nul doute ralenti la poursuite des programmes sociaux qu’il ne devait point différer.
Après près de 15 années d’un engagement encore inégalé dans ce secteur, il laissera sur le sol sénégalais 36 villas, 9 complexes immobiliers, un grand hypermarché et de nombreux autres bâtiments aujourd’hui propriétés de ses sociétés et qu’il leur a transférés après les avoir construits ou acquis grâce à sa fortune personnelle. Son attachement à la pierre le conduira à s’intéresser à la société immobilière propriétaire de la prestigieuse Tour Montparnasse, il réalisera avec son principal associé dans cette société, sur Foch, l’avenue la plus prestigieuse de France, de beaux immeubles que se disputèrent des milliardaires venant de tous les coins du monde. Dans la capitale française, il était propriétaire de deux belles résidences non loin du Parc Monceau pour l’une et du Bois de Boulogne pour l’autre ainsi que de 7 appartements sur l’Avenue Foch.
Les réalisations de Ndiouga sont en fait bien plus importantes que ces éléments tirés de la succession que ses héritiers ont recueillie car il avait aussi de son vivant gracieusement offert à beaucoup de ses enfants, épouses, parents et amis des terrains, des villas et des immeubles de qualité.
De Kébé & Frères à Holding Kébé
«Ndiouga le marabout entrepreneur»
L’accroissement rapide de son patrimoine immobilier et du nombre d’occupants de ses nombreux appartements et villas, allait très vite entraîner la création d’une structure chargée de sa gestion et placer le marabout Ndiouga Kébé parmi les plus grands entrepreneurs de son pays. Ainsi fut crée en 1972 la Société Anonyme Immobilière SAIM-KEBE qui sera très vite reconnue comme un leader dans son domaine d’activité. Toutefois, le véritable déclic de l’immixtion du marabout Ndiouga Kébé dans le monde des affaires organisées doit être liée à la Société Kébé & Frères qui fut à l’origine une petite maison de commerce créée à Kaolack par ses frères cadets Abdou Khadre et Ousmane. Leur initiative visant la promotion d’une affaire qui appartiendrait à toute la famille Kébé l’avait séduit dès son retour définitif au Sénégal.
Comme à son habitude et en vertu de sa qualité d’aîné et de nouveau chef de famille Kébé après la disparition de son père, il décida d’encourager le développement de cette nouvelle entreprise familiale.
Ainsi grâce aux capitaux importants qu’il mit gracieusement à la disposition de la petite structure, Kébé & Frères devint très vite une grande société d’Import et Export et fut installée dans la capitale au début des années 70 au numéro 52 de la rue Vincens propriété de son frère Ousmane. Ce succès et sa volonté d’encourager la solidarité familiale feront que toutes les nombreuses sociétés que Ndiouga créera par la suite auront le nom Kébé dans leur désignation et ses frères, ses épouses et ses enfants en seront également actionnaires. Pendant longtemps aussi et jusqu’à la construction des immeubles Peytavin, Calmette, Jean Jaures (récemment rebaptisés après la disparition de Ndiouga complexe El Hadji Babacar Kébé dit Ndiouga) et de «Sokhna Anta» la splendide le 52, rue Vincens sera le siège fétiche du groupe Kébé.
La deuxième décennie de l’indépendance du Sénégal marqua le grand engagement de Ndiouga pour le développement de l’entreprise sénégalaise véritable. C’était vers lui que se dirigeait tant l’Etat que ses compatriotes entreprenants désirants permettre à leurs projets de voir le jour. Il était toujours disponible pour reprendre des affaires importantes pour le pays et relever les défis nés de l’évasion d’anciens propriétaires vers les nouveaux marchés juteux des nombreux jeunes états africains comme la Blanchisserie du Cygne, le Comptoir Franco-Suisse (Bijouterie – joaillerie- horlogerie industrielle – confection de médailles), les Tissus KM, la Clinique Hubert. Il prit également une part majoritaire dans la Sores qui remplaça les Relais Aériens Français et contribua à hausser Dakar-Yoff parmi les grands aéroports.
Grâce aux participations importantes de Ndiouga, bien des projets initiés par l’Etat ont eu une finalisation heureuse. Il en est ainsi de ceux réalisés par les sociétés : SPIA (Industrie chimique de soutien à l’agriculture). SEIB (huilerie et produits alimentaires et d’entretien), CAFEC (Industrie de la chaux), SONAFOR (Forages), SOTEXKA (confection, bonneterie, filature, tissage et impressions).
Les exemples typiques qui illustrent la généreuse volonté de Ndiouga de soutenir l’action de l’Etat et d’aider à la promotion sociale de ses compatriotes sont très nombreux. Ainsi, il prit une part importante dans le capital de la Banque Sénégalo-Kowetienne qui devait marquer le démarrage de la coopération alors jugée intéressante entre le Sénégal et le riche émirat du Koweït. Grâce aux lourds sacrifices consentis par Ndiouga, cette banque qui rendit d’énormes services à l’économie sénégalaise et à un grand nombre de sénégalais connaîtra un fonctionnement normal et même un réel développement malgré la défaillance de ses deux états initiateurs. Sur le plan de l’industrie touristique le soutien de Ndiouga à son pays a été capital. Pour permettre au Sénégal d’exploiter opportunément et avec succès un nouveau créneau pourvoyeur de devises et d’emplois, Ndiouga acceptera d’y investir des sommes énormes alors que tous les investisseurs sollicités se montraient frileux. Il participera aux côtés de l’Etat à la réalisation du premier grand complexe hôtelier sénégalais le Téranga.
Grâce à son soutien, son ami et principal associé dans la société EGCAP qui construisit tous ses grands ouvrages, acquit et acheva le grand et bel hôtel de l’Indépendance que la société de la Loterie Nationale alors en difficulté avait initié.
Le complexe hôtelier qu’il construisit sur la pointe des Almadies et qui est l’un des plus beaux villages de vacances exploité par le dynamique Club Méditerranée, a incontestablement largement contribué à faire connaître et apprécier la destination touristique le Sénégal.
Dans des régions éloignées dotées de merveilleux sites touristiques mais n’attiraient aucun investisseur soucieux de profits intéressants, Ndiouga accepta de répondre aux sollicitations de l’Etat en y réalisant des réceptifs de qualité. Ainsi, grâce à Ndiouga, les hôtels Dior et Asta Kébé ont permis aux importantes villes sénégalaises de Kaolack et de Tambacounda de s’ouvrir au monde extérieur et de pouvoir accueillir convenablement les étrangers et les Sénégalais d’autres localités qui viennent les visiter. Son action portera aussi sur la réhabilitation des campements de casses en ruine du grand Parc de Niokolo-Koba (Simenti, Badi etc…) ; ce qui permit le maintien du Sénégal comme une destination pour le tourisme de découverte de la faune africaine.
La disponibilité de Ndiouga l’amènera même à rependre le vieux projet Hilton initié par l’Etat pour doter la capitale sénégalaise d’une structure hôtelière capable d’accueillir les plus importantes conférences internationales. A ce projet coûteux et devenu commercialement non rentable en raison des erreurs accumulés par ses prédécesseurs, Ndiouga consacra plusieurs centaines de millions marquant ainsi sa détermination à favoriser sa réalisation tant souhaitée. A sa mort, le projet Hilton ne sera abandonné par son groupe que lorsque le vœu de l’Etat fut exaucé par les pays membres de l’Organisation de la Conférence Islamique.
Ndiouga est donc intervenu de manière incomparable dans le développement du tourisme sénégalais qui est aujourd’hui devenu l’un des secteurs d’activité économique contribuant le plus à la formation de son produit national brut. Ainsi, au delà de la réalisation de réceptifs de qualité, son action s’est étendue au développement d’activités annexes indispensables à leur bon fonctionnement (blanchissage, catering des avions, gestion d’infrastructures aéroportuaires, santé, etc…).
Au total, pendant les 15 années que dureront ses activités d’entrepreneur, Ndiouga a participé à la création de 26 sociétés dans les secteurs d’activité les plus divers (Immobilier, Tourisme et Restauration, Industrie et Mines, Distribution et Import-Export, Banque et Assurances, etc…). 24 parmi ces sociétés sont implantées au Sénégal et totalisent un volume de capital de près de 26 milliards, un niveau d’investissement de plus de 105 milliards, et des milliers d’emplois. Ndiouga et son groupe dont il était le bailleur de fonds détenaient dans ce capital une part de près de 10 milliards correspondant à un volume d’investissements non réévalués de près de 30 milliards environ le montant de ses avances et libérations de souscriptions dans les sociétés où il était l’actionnaire majoritaire. Il finançait donc intégralement les projets initiés par son groupe.
Les exigences du commerce international l’avaient également conduit à prendre des participations importantes à l’étranger où il entra au capital de l’Union Internationale Immobilière (U.I.I) et créa avec de riches arabes la société holding Gibraltar and Iberian Bank Ltd.
Ndiouga considérait que sa fortune personnelle bien plus importante que les sommes qu’il avait affectées à ses sociétés pour faire œuvre utile, devait permettre à sa famille de vivre à l’abri du besoin et de poursuivre l’?uvre dans laquelle il s’était engagé tant pour l’islam que pour son pays. A cette fin et pour encourager l’unité de sa grande famille, il créa en 1981 la grande société d’Investissements Holding Kébé qu’il dota d’un capital de 5 milliards et à laquelle il décida de transférer toutes les sociétés qu’il contrôlait ainsi que toutes ses participations importantes.
A l’ouverture de sa succession, son Holding (premier du genre en Afrique de l’Ouest) avait un portefeuille d’actions dans 16 unités et assurait le suivi des 10 autres participations de Ndiouga en cours de transfert en sa faveur.
Après sa disparition et malgré une succession maladroitement rendue difficile, son Holding sénégalais participera à la création de 3 nouvelles sociétés sénégalaises (Delta-Trading, Soca et Prévoyance Assurances).
L’œuvre de Ndiouga sur le plan économique est empreinte d’une extraordinaire immense générosité envers son pays. Elle laisse à ses compatriotes dont la maturité est aujourd’hui certaine un immense capital encore très utile à leur pays pauvre et qui doit être sauvegardée. Elle est aussi un exemple de patriotisme qui mérite d’être salué et rappelé à tous ceux qui oublient que le sens de la solidarité est une vertu africaine et musulmane.
Ndiouga et les almadies
Le Projet du Complexe Hôtelier des Almadies réalisé par KEBE au début des années 70, qui nous vaut aujourd’hui la transformation de ce quartier en zone résidentielle, était d’un coût global de 4 Milliards de Francs CFA intégralement financé sur fonds propres. A l’origine, le Président Houphouët BOIGNY souhaitait que KEBE réalisa ce projet en Côte d’Ivoire. Mais au fond de lui-même El Hadji Ndiouga KEBE préférait le destiner au Sénégal, essentiellement pour deux raisons, la première c’était qu’il ne pouvait pas envisager faire bénéficier un projet d’une telle ampleur à un pays autre que le Sénégal et la deuxième raison est qu’il ne voulait pas, en investissant en Côte d’Ivoire, gêner son petit frère El Hadji Djyly MBAYE qui y était déjà en affaires introduit par Serigne Cheikh MBACKE Gaïndé Fatma.
El Hadji Ndiouga Kébé, le marabout
Dans l’imaginaire collective, beaucoup ne perçoivent en Ndiouga Kébé que la dimension de l’homme d’affaires prospère et le milliardaire. Cependant, El Hadji Babacar Kébé était un marabout réputé qui réalisait souvent d’importants gains vite dépensés en raison de sa générosité sans borne.
El Hadji Babacar Kébé est d’une lignée d’homme de Dieu épris d’apprendre, d’enseigner et de travailler de manière licite depuis l’aube des temps. Son arrière grand-père du nom de Serigne Hanakham Kébé était un homme célèbre en son temps, un grand savant et un enseignant, initiateur d’un grand «daara» (école) entre le Ndiambour, le Cayor et le Baol. Un «daara» vers lequel se ruaient les gens à la quête du savoir ou de la bénédiction parce qu’il était un homme ascète que Dieu avait privilégié du don de dévoilement. Ce qui faisait courir les gens de partout à sa recherche. Parmi ses prédications on peut citer l’annonce qu’il avait faite de l’apparition de Serigne Touba, serviteur du prophète.
Il disait, aussi, que parmi ses descendants, il y aura un homme qui aura une place de choix auprès de cet homme de grande lumière qui fera son apparition au Baol. Et cet arrière petit fils sera d’une richesse exemplaire.
Cheikh Mballo Kébé, le père de Ndiouga, était aussi un homme de Dieu, un mystique, un mouride sincère dont les prières étaient toujours exaucées par Dieu, ce qui faisait courir les gens vers lui, de partout. Tout ceci peut faire l’objet de témoignages de personnes dont certaines sont vivantes, surtout du côté de la famille «Niassène» de Kaolack.
Cheikh Mballo Kébé, se considérait comme un disciple de toute la famille de Serigne Touba, mais Serigne Touba lui avait conseillé Serigne Bassirou Mbacké qu’il considérait comme son Cheikh et ce dernier était très satisfait de lui.
Ndiouga Kébé a grandi sous l’ombre de son père qui l’avait élevé dans le respect des prescriptions divines et de l’humilité. Et lorsqu’il grandit avec cette éducation, il travailla pour le compte de son père en guise d’exemple à ses jeunes frères, jusqu’à mériter l’hommage et l’agrément de ce dernier.
C’est ainsi qu’il quitta son village pour l’émigration, avec comme héritage de son père, non pas des milliards, mais un savoir et un mysticisme, plus précieux que tout autre legs.
Pendant près de 7 années, il parcourut, solitaire, plusieurs pays africains et finit par s’installer en 1949 en Sierra Léone. Il avait alors 35 ans et était toujours célibataire. Cette pérégrination est encore aujourd’hui un mystère pour tout le monde. Il a toujours gardé jalousement le secret.
On sait seulement qu’il séjourna surtout auprès d’éminents marabouts du Fouta Djalon, de la boucle du Niger et du pays Touareg.
Ndiouga Kébé, le mécène
Nombreux ont été les hommes d’affaires, industriels et commerçants de Sandaga qui ont bénéficié des largesses de El Hadji Babacar Kébé. Ce dernier, en effet, n’hésitait pas à mettre la main à la poche pour les aider à investir dans beaucoup de créneaux, participant ainsi à l’avènement d’une nouvelle race d’entrepreneurs et d’hommes d’affaires qui devaient prendre la relève des étrangers, principaux piliers de l’économie sénégalaise.
El Hadji Babacar Kébé, outre ses nombreuses initiatives et réalisations sur le plan économique, est venu maintes fois à la rescousse de l’Etat sénégalais pour l’aider à faire face à certaines urgences, comme par exemple le paiement des salaires des fonctionnaires. Il montrait ainsi que l’on peut aider au développement de son pays sans pour autant prétendre au poste de président de la République, ministre ou autres.
C’est pourquoi nous nous posons toujours la question de savoir pourquoi l’Etat ne daigne pas encore donner le nom de cet illustre citoyen sénégalais à une infrastructure scolaire, hospitalière ou à une avenue.